Article initialement rédigé pour monpsy.psychologies.com
La pratique clinique à distance est une corde de plus que vous devez pouvoir facilement ajouter à votre arc de thérapeute.
Il convient de respecter certaines règles qui donnent un cadre
sécurisant aussi bien pour le professionnel que pour la personne qui le
consulte. Rien de complexe mais cela nécessite une rigueur toute aussi importante que votre pratique en cabinet.
Si votre cadre est suffisamment clair, même les personnes qui au départ pouvaient se dire réfractaires à la consultation en ligne, se sentiront suffisamment étayées pour s’y sentir bien et investir cette pratique.
Les conseils apportés ici proviennent principalement des ouvrages de Frédéric Tordo et Elisabeth Darchis, « La cure analytique à distance : Skype sur le divan » et de Lise Haddouk, « L’entretien clinique à distance : Manuel de visioconsultation » ainsi que de mon expérience personnelle en tant que clinicien en ligne depuis 2013.
Dans l’idéal, vous devriez avoir un ordinateur, une webcam, un casque audio, un micro, une box internet haut débit.
Cette configuration optimale va vous permettre de limiter les problèmes techniques qui sont à proscrire au maximum afin de ne pas interférer avec le contenu de la consultation en cours.
Gardez toujours à l’esprit que le plus important sera toujours d’avoir un son de qualité, non hachuré, car c’est de cela que nous avons besoin en premier lieu pour travailler et non une image haute définition.
Un ordinateur et une webcam sont stables. Dans le cas de l’utilisation d’un smartphone, il devra être posé de façon stable (trépied s’avère très utile). Avec l’expérience, vous verrez que vos patients qui font de la télé-consultation avec leur smartphone bougent sans cesse et c’est très désagréable. Ne leur infligez pas cela.
Des écouteurs sont aussi très important car si la personne qui consulte ne procure pas un bon son, vous devez mettre toutes les chances de votre côté pour bien l’entendre.
InterLib propose d’intégrer directement à votre site internet un outil de téléconsultation, ce qui évitera à vos patients d’avoir à télécharger un logiciel supplémentaire.
Dans les faits, cela ne change pas grand chose. Il est fortement conseillé de maintenir son lieu de consultation habituel et horaires habituelles. Il ne s’agit donc surtout pas de « ramener du travail à la maison ».
Par expérience, je ne pense pas qu’il soit judicieux de diminuer le temps et/ou le tarif de ces séances. Le message envoyé à vos patients serait que les consultations à distance sont des consultations au rabais. Ce qui est faux. On ne fait pas payer son temps ou sa présence. Nous faisons payer notre expertise et notre qualité d’attention.
Vous devez prendre en compte cette spécificité de la télé-consultation mais que cela ne bouscule pas votre pratique et vos compétences.
Et que devez vous exiger pour le bon fonctionnement des séances ?
Voici donc une base de ce qu’est la pratique clinique à distance. Comme toute base, vous devez la complexifier et l’adapter à votre pratique personnelle. Je vous conseille à nouveau l’approfondissement de cette pratique à distance par la lecture des ouvrages déjà cités : « La cure analytique à distance : Skype sur le divan » de Frédéric Tordo et Elisabeth Darchis ainsi que « L’entretien clinique à distance : Manuel de visioconsultation » de Lise Haddouk.
Pour conclure, je souhaite ici retranscrire une hypothèse forte intéressante de Frédéric Tordo (2020) quant à l’éventuelle fatigue passagère que peuvent rencontrer certains psychologues qui débutent ce type d’exercice :
« […] Votre cerveau simule sans cesse les univers dans lesquels il se trouve. C’est même sa principale activité de représentation : la simulation mentale. Qu’est-ce qu’il simule : ce qu’il voit mais aussi ce qu’il ne voit pas. Et sans doute même qu’il simule ce qu’il voit pour se préparer à la situation de ce qu’il ne voit pas. Un exemple : votre cerveau simule votre corps tout entier quand il bouge, ou quand vous ressentez, pour en garder une trace sous la forme de multiples représentations mentales. Le schéma corporel, en ce sens, est une simulation du corps à l’intérieur du cerveau ; il en est une reproduction virtuelle. Autrement dit, que vous bougiez ou non, que vous ressentiez ou non, votre corps existe dans votre cerveau. Revenons maintenant à la situation de consultation en ligne (Skype ou téléphone, par exemple). Quel est votre référentiel ? Le physique dans la relation à l’autre. Qu’est-ce que votre cerveau doit alors simuler ? Ce même physique, mais en son absence. Toutes les sensations et conduites physiques sont réactualisées, par la simulation, dans l’immersion numérique ou téléphonique. De plus : votre cerveau doit exercer un effort supplémentaire dans la mesure où il doit redresser, pour simuler la présence du patient et votre présence au patient, les données du corps qu’il ne retrouve pas à l’état habituel, par exemple : le regard est un regard de biais sur Skype (décalage entre l’image filmée et l’image regardée), ou encore la voix est numérique en ligne. Bref, non seulement votre cerveau doit simuler la relation physique en son absence – et créer alors un sentiment de présence dans l’absence – mais il doit également inventer de nouvelles représentations compte-tenu des propriétés singulières de la technique. Lorsque votre cerveau sera habitué à cette simulation, et donc que vous aurez internalisé la technologie (comme faisant partie de votre corps propre, et du corps de l’autre), vous vous fatiguerez moins, pas beaucoup plus (avec des écarts individuels qui peuvent être notables) que lorsque vous consultez physiquement. Frédėric Tordo. »
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